Le stress relationnel, une bonne part dans notre stress global
Jon Kabat-Zinn nous parle du stress relationnel : « Peut-être l’avez-vous remarqué, les autres peuvent être une grande source de stress. (…)
En fait, beaucoup de personnes qui nous causent un maximum de stress peuvent être des personnes que nous aimons très profondément. (….)
Nos relations aux autres nous fournissent d’innombrables occasions de pratiquer la pleine conscience et de réduire par là le « stress social »(…) le stress psychologique vient de l’interaction entre nous et le monde. Donc, quand certains nous « causent du stress », nous devons assumer notre part de responsabilité dans ces relations, être responsables de nos perceptions, de nos pensées, de nos sentiments et de nos comportements. Comme dans toute autre situation déplaisante ou menaçante, quand nous avons un problème avec une personne, nous pouvons réagir inconsciemment par la lutte ou par la fuite, ce qui aggrave habituellement les choses à long terme.»
Voici comment Jon Kabat-Zinn introduit le chapitre 28 dans « Au cœur de la tourmente, la pleine conscience », nouvelle édition. Un chapitre entier sur le stress social, soulignant ainsi comment ce stress compte souvent pour une bonne part dans notre niveau de stress global. Cet endroit où notre réactivité, notre pilote automatique peut prendre place sans crier gare. Soulignant ainsi que « la pleine conscience de la communication revêt une importance capitale. C’est le coeur de l’intelligence émotionnelle.»
En effet, nous expérimentons chacun comment communiquer n’est pas toujours simple, que ce soit dans la communication intime comme dans la communication professionnelle, amicale ou autre.
La communication exige beaucoup de nous. Etre en lien avec soi et avec l’autre autour d’un échange. Rester vigilant à ce que l’on vit, à ce que l’on ressent, à ce que l’on pense, tout en restant présent à l’autre, dans ce mouvement vivant, dans cet espace qu’est la communication.
Nous sommes contactés par des émotions, des jugements sur l’autre, sur nous-mêmes, contactés par des schémas d’habitude conditionnés. Souvent, sans trouver une juste distance par rapport à ce tout qui émerge en nous et même parfois totalement identifiés à nos mouvements réactifs.
Nous rencontrons des malentendus, des mal compris, des mal exprimés, tensions…, bref le stress dans la communication.
Or, nous aimerions rester nous-mêmes, présents et connectés à notre profondeur tout en restant en lien avec l’autre, même dans la tension de la relation.
Le programme MBSR en séance 6 aborde le stress interpersonnel.
Il nous invite à prendre conscience de nos propres schémas de réaction automatique. Ceux-ci émanent de notre histoire relationnelle et de notre biologie. Alors qu’ ils nous ont certainement été très utiles et qu’ils se sont renforcés au fil de nos expériences, ils sont devenus maintenant toxiques.
Nous explorons les trois scénarios de base possibles des mouvements automatiques.
La fuite ou l’évitement. Si ce mécanisme diminue à court terme la sensation de stress, il se fait aux dépens de notre point de vue, des sentiments et du respect de nous-mêmes. Il engendre en second temps une souffrance liée à ce manque de respect de nous-mêmes ainsi qu’au manque de communication. Eviter les tensions relationnelles, c’est aussi éviter la relation. Or nous avons tellement besoin de nous sentir reliés aux autres.
La lutte, l’attaque ou contre-attaque. Ici, nous sommes en contact, en relation ; l’excès d’énergie mobilisée par le vécu du stress se libère. Cependant la réaction de lutte augmente le niveau de conflit engendrant l’escalade et impacte ainsi de façon négative nos liens sociaux.
La position passive ou de soumission. Nous sommes immobilisés, nous subissons la situation.
L’alternative est de choisir une réponse plutôt que d’être emporté par une réaction, développant notre assertivité. Expérimenter la communication consciente. Prendre conscience de notre propre expérience dans la relation au fur et à mesure qu’elle se déploie dans l’instant présent. Etre ancré dans notre présence à notre corps/pensées/émotions. Ouvrir notre espace intérieur pour accueillir l’autre, sa présence, son point de vue, lâchant notre savoir sur l’autre, nos anticipations. «Ce qui se passe ensuite devient une danse.» A partir de la conscience de nous-mêmes, de l’autre et de la situation, il s’agit de laisser émerger une réponse qui respecte à la fois notre intégrité et celle de l’autre.
« Communiquer c’est unir, avoir une rencontre ou une union des esprits. Cela ne veut pas nécessairement dire un accord. Cela signifie voir la situation comme un tout et comprendre le point de vue de l’autre ainsi que le nôtre ». Jon Kabat-Zinn
Voici des années qu’Edel Maex, psychiatre à Anvers, pionnier dans l’enseignement de la Mindfulness en Flandres invite à travailler autour de ce stress relationnel et de la communication consciente. Il propose en effet un training communicatie de 6 semaines.
Lorsqu’Edel Maex nous dit « J’ai appris à communiquer sur mon coussin », il souligne l’importance de la pratique méditative formelle.
Il a élaboré la boussole de la communication, nous permettant de nous situer dans le vécu de l’échange. Deux axes. Celui de l’information et de l’émotion. Celui de la perspective de soi et de la perspective de l’autre.
Gregory Kramer a développé la pratique du dialogue conscient au sein des relations interpersonnelles. L’amour bienveillant et la compassion sont pour lui au cœur de cette pratique, tout en soulignant le sentiment de disponibilité et d’acceptation également valeur centrale de toute pratique relationnelle.
Kramer, Gregory, 2007. Insight Dialogue : The inerpersonal Path to Freedom.
Susan Chapman dans son livre, « Communiquez en Pleine Conscience » (Paris : Editions Payot) nous partage les clés qui favorisent une communication ouverte, sereine, dans laquelle nous apprenons à être pleinement présents en nous proposant des exercices pour développer la conscience dans nos communications.
Les obstacles les plus fréquents qui caractérisent la communication inattentive sont centrés sur ce que l’auteur appelle le « moi d’abord ». Elle nous invite ensuite au « nous d’abord » qui signifie de tenter de rester ouverts et respectueux, en toutes circonstances, avec ceux avec qui nous communiquons. Cela ne veut pas dire abandonner ou ignorer nos intérêts personnels et notre ressenti. C’est rester à la fois à l’écoute de soi-même et des autres.
Susan Chapman, elle aussi, souligne que la première étape consiste à pratiquer la méditation pour soi-même afin d’apprendre à nous ouvrir à tous nos sens et à être à l’écoute réelle de nous-mêmes, et des autres.
Cette liste d’auteurs ne se veut pas exhaustive. Juste quelques pistes pour ouvrir notre recherche et réflexion autour de Pleine Conscience et Communication.